Équiper la ville, c’est offrir aux habitants une architecture qui répond à leurs besoins et les aide à s’accomplir. Bien que la mission de donner forme à un programme soit intellectuellement délicieuse, on peut y ajouter la réflexion de préparer un bâtiment à accueillir d’autres programmes, pour répondre à de prochains besoins, potentiellement encore inconnus, sans que cela ne nécessite de démolition. Préparer la réaffectation d’un bâtiment lors de sa conception initiale, c’est offrir un objet pérenne et loyal aux habitants d’une ville.
Ma première piste de projet a été de penser un objet tourné vers l’avenir. Un projet qui rompt avec l’histoire de son site, son passé. Une architecture incongrue qui viendrait s’installer sur cette parcelle. Puis dans un second temps, j’ai voulu travailler sur la conception de ce bâtiment comme un marqueur dans la ville, qui aujourd’hui serait dédié au sport, mais qui demain pourrait être destiné à d’autres usages.
Avec ces éléments, j’ai esquissé cette cité sportive en commençant par l’implantation d’une colonnade de pierre qui serait le pilier du projet. Elle permet déjà la distinction des différents espaces. Elle entoure le gymnase ici, mais elle continue sans couverture, se suffisant à elle-même pour définir les terrains de futsal. Cette colonnade, qui renvoie à la pratique du sport dans l’Antiquité au sein d’architectures monumentales peut aussi être perçue comme un seuil symbolique entre équipement public et espace public. Une frontière entre la vie quotidienne et un univers de performances.
Dans une quête de verticalité et de proximité avec les anciens dieux, les colonnes transpercent le toit du bâtiment et entourent une vaste place en hauteur. Une sorte de forum libre de déambulation qu’on pourrait imaginer comme l’Olympe, accessible à tous, avec ces compétitions qui se déroulent sous nos pieds. Au cœur de cette place, on y trouve la discipline la plus céleste et la plus légère, la danse. À l’inverse et sous le gymnase, le spectateur y découvre les espaces liés au corps dans son expression de puissance, de masse et de chute. C’est dans des thermes entièrement réalisées en pierres que l’on trouve le dojo.
A travers les étages, les disciplines et le temps, ce bâtiment est conçu pour durer et possiblement être réaffecté. Sa structure simple avec une colonnade en pierre soutenant un plancher caisson en béton, permet un plan libre et la potentielle application d’une enveloppe. Il pourrait être cloisonné et isolé au besoin. « Hôte-Antique » c’est le nom de cet équipement, qui se veut loyal et pérenne envers la ville et ses habitants. C’est un projet hôte, capable d’accueillir différents programmes dans un bâtiment redoublant de références à l’Antiquité. Aujourd’hui c’est une cité sportive, et demain, on verra bien…